L’anxiété est une maladie de l’anticipation. L’anxieux vit dans le futur qu’il imagine toujours de façon catastrophique ou au mieux angoissant.
L’anxiété est un dérivé d’une des émotions de base qui régissent notre bien-être, nos relations aux autres voire notre survie.
La peur est l’émotion de base de l’anxiété.
Quelle différence y-a-t-il entre la peur et l’angoisse ?
La peur est « simple » car on a peur d’un objet, d’une situation… Bref on a peur de quelque chose que l’on peut identifier.
Pour ne plus avoir peur, il suffit alors d’éviter l’objet ou la situation en question. C’est efficace sur le moment certes, mais cela ne résout pas le problème. C’est ce que l’on appelle un mécanisme d’évitement. Par exemple, quelqu’un à peur des araignées. S’il croise une araignée, alors il sortira de la pièce où se trouve l’horrible bestiole. C’est efficace la personne est rassurée. Cependant, la prochaine fois qu’il croisera encore une araignée…. La peur reviendra.
Cette personne aura toujours peur des araignées car elle ne se confronte jamais au problème. Elle l’évite et comme ça fonctionne, il n’y a aucune raison qu’elle change de comportement. Pourtant, il est assez simple de se débarrasser de certaines phobies. Les thérapies cognitives et comportementales ont fait leurs preuves dans ce domaine.
L’angoisse est une peur plus subtile, plus insidieuse. En effet dans l’angoisse il n’y a pas d’objet extérieur que l’on peut éviter comme l’araignée. L’angoisse est une peur sans objet. C’est ce qui en fait la principale différence avec la peur. L’angoisse est chronique alors que la peur est aiguë.
La peur est un mécanisme de survie de l’être humain. C’est ce qui nous a permis de rester en vie jusqu’à présent. Si les êtres humains n’avaient pas peur des tigres alors ils se seraient tous fait dévorer par les tigres et vous ne seriez pas en train de lire ces quelques mots.
Donc la peur est utile. Mais parfois le système qui en gère l’équilibre devient trop sensible. Il se dérègle et nous met en alerte tout le temps. Le système de la peur nous prépare à fuir. Ce qui pouvait se révéler utile au temps de la préhistoire face à des dangers constants, l’est nettement moins dans nos civilisations actuelles.
Ainsi, l’anxiété c’est un peu comme si on avait peur tout le temps sans savoir de quoi. Bien sur, dans le meilleur des cas, on arrive à trouver ce qui nous rend anxieux : comme un examen, l’avenir de nos proches, une situation particulière...
Dans ce cas, une fois la situation passée l’anxiété doit disparaître. Il est incroyable de voir à quel point l’anxiété peut se fixer sur tout est n’importe quoi. La plupart du temps, nous arrivons à gérer ce moment d’angoisse. Mais si cela se produit trop souvent, dans trop de situations différentes et que cela impacte notre vie, alors c’est que nous sommes en souffrance.
L’anxiété fonctionne très bien avec la rumination. On se fait tous les scenarii catastrophes possibles et imaginables. L’esprit humain a une capacité étonnante pour nous faire imaginer les pires choses possibles. Les personnes anxieuses, lorsqu’il se passe quelque chose, vont avoir cette jolie phrase : « je le savais qu’il allait se passer quelque chose comme ça ». Les personnes anxieuses sont dans l’anticipation. Elles sont toujours à craindre qu’il se passe quelque chose. Lorsqu’on leur demande « que pourrait-il bien se passer ? » elles répondent « je ne sais pas mais tu verras ! ».
S’il ne se passe rien, cela ne les rassure pas du tout au contraire. Elles interprètent cela, comme étant le signe imminent d’une catastrophe à venir. On voit ici que leur système de pensée est complétement orienté vers la catastrophe. Pour mettre en image ce phénomène de pensées orientées, je vous propose de faire un exercice.
Aujourd’hui lorsque vous allez sortir vous allez compter le nombre de femmes enceintes ou avec un bébé (moins d’un an) que vous allez croisez mais avant vous allez noter le chiffre qui représentera le nombre de femmes enceinte et de bébé que vous pensez croiser au cours de votre sortie (un grand magasin un samedi vers 15h fera l’affaire). Normalement le chiffre que vous allez inscrire sera moins important que le nombre réel de femmes enceintes et de bébés que vous allez croiser (sauf si vous gonflez le chiffre artificiellement après avoir lu ce que je viens d’écrire). Pourquoi ? Simplement parce qu’en attirant votre attention sur ce type de personnes en particulier votre esprit va les rechercher et donc les trouver.
Pour l’anxiété, c’est la même chose. Si vous vous attendez à ce qu’il passe quelque chose et qu’il se passe quelque chose, vous allez forcément l’interpréter comme étant le signe que vous aviez raison.
De plus lorsqu’il de passe quelque chose, c’est forcément dramatique alors que pour d’autres personne, il s’agirait juste d’un événement anodin.
Y-a-t-il des avantages à être anxieux ?
Oui. On l’a vu les anxieux anticipent les situations. C’est pratique lorsqu’on doit préparer un examen. On se fait un tableau de révision qu’on essaie de tenir. L’anticipation permet de diminuer la peur de l’examen lui-même. L’étudiant peut se dire : « puisque je me suis bien préparé, j’ai fait tout mon possible, la suite dépend du sujet et du correcteur mais moi je n’ai rien à me reprocher ». Il est possible de décliner ça dans beaucoup de domaines.
L’avantage, c’est aussi de se préparer à certaines situations. On part en randonnée avec des enfants, on prévoit un gouter et une mini boite à pharmacie au cas ou.
Si on ne se laisse pas déborder par l’anxiété, cela permet d’apprendre à réagir et à se préparer à des situations difficiles.
L’anxieux, qui se laisse déborder, va se fixer sur le problème lorsqu’il arrive. L’anxieux qui a appris à maîtriser son anxiété et qui ne se laisse pas déborder va se fixer sur la solution pour résoudre le problème.
On voit ici que la façon de penser un problème peut : soit provoquer des angoisses et venir confirmer que l’on a raison d’être angoissé et qu’il faut au maximum éviter les situations à problèmes (et elles finissent par le devenir toutes) et donc renforcer son anxiété, soit penser qu’il est possible que la situation devienne problématique mais que nous allons réussir à la gérer.
Cela va, de ce fait, renforcer la confiance que l’on a en soi, de résoudre des problèmes. Ce qui abaisse encore le sentiment d’anxiété des situations ou plus précisément qui les font revenir à leur intensité normale.
Quels sont les symptômes de l’anxiété ?
Quand l’anxiété n’est plus modérée, on peut voir apparaitre des symptômes physiques assez désagréables, comme des palpitations, des troubles du sommeil, une boule dans la gorge, des sueurs froides, une sensation d’oppression de la cage thoracique, des tremblements, des bouffées de chaleur, des vertiges, la peur de s’évanouir, cela pouvant aller jusqu’à la sensation de mort imminente…
Ainsi, lorsque le niveau d’anxiété est trop élevé, cela empêche la personne d’agir efficacement, et la gestion de son quotidien devient de plus en plus difficile voire impossible.
On parle alors de troubles anxieux avec des syndromes cliniques allant de l’attaque de panique à l’anxiété généralisée, en passant par les phobies et les troubles obsessionnels compulsifs.
Comment faire si on n’arrive plus à gérer son anxiété ?
Si cela vous gêne dans la vie de tous les jours. Si cela vous empêche d’avoir la possibilité de faire vos activités habituelles, alors vous avez besoin d’aide.
Pour cela vous pouvez consulter votre médecin traitant qui jugera de la pertinence ou non de vous prescrire des anxiolytiques, mais cela risque de ne pas être suffisant. Un travail auprès d’un psychologue peut vous aider à comprendre pourquoi ces angoisses vous collent à la peau et comment faire pour s’en débarrasser ou, au moins, les faire revenir à un état supportable.
Voici quelques ouvrages utiles.
Pour adultes.
Pour enfants.
